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Faire de la pouet, ça nuit aux mouettes

La BBthèque vous présente aujourd’hui le nouveau et excellent livre de Claire Garralon :

Pouet !

de Claire Garralon

aux éditions MeMo

Bleu l’horizon, bleu le ciel, bleue la mer, paysage d’apparence idéale, avec des mouettes en plein vol qui, agitant leurs ailes, semblent se saluer gaiement « mouet ! mouet ! mouet ! ». Tout à coup, pirouette et non cacahuète, une ombre au tableau, et non des moindres : une mouette, depuis les cieux, entend au sol un autre son, un cri dénaturé : « pouet ! ». Inquiète, elle se pose et rejoint l’oiseau émetteur de cet étrange bruit. Il semble mal en point. Elle lui demande comment il va, ce qu’il se passe. Michel, la mouette abîmée (patient zéro ?) s’exprime avec difficulté, se contentant de quelques mots et prononçant tous les « m » comme des « p » et tous les « p » comme des « m » ; il parvient à expliquer à la mouette lanceuse d’alerte qu’il a mangé du pouet. Mais encore ? Branle-bas le combat sur la plage : des mouettes se donnent rendez-vous pour dresser une liste d’hypothèses sur la maladie dont le volatile échoué serait atteint. Et blablabli, et blablabla, Michel réussit à en placer une : il n’est « mas palade », à la fin ! Le problème qu’il rencontre est tout autre. Ah… mais alors, quoi ?

Trêve d’assomptions, compère crabe survient, il est un peu médecin, ou à tout le moins il garde les pieds sur terre : tout de suite, il a l’idée d’ausculter le patient et trouve le pourquoi du comment en un rien de temps. Cette pauvre mouette avait avalé du… « mastic » !? Du plastique ! Une bouteille de plastique ! Qu’elle réussit, triple ouf, à extirper de son bec. Berk ! La tribu des mouettes se penche sur l’origine du mal « Oh ! du plastique ! » et la collectivité en présence de dresser deux bilans/conclusions de la situation : premièrement, « Il faut faire attention, il y en a plein l’océan » ; deuxièmement : « C’est bizarre, l’océan n’est pourtant pas une poubelle ? »

A travers cet album aux belles et rieuses sonorités, aux personnages expressifs disposant de caractères bien trempés, et à un graphisme qui donne envie de voir les mouettes voler et nager en bonne santé, Claire Garralon sensibilise les enfants dès le plus jeune âge aux gestes simples à pratiquer au quotidien pour ne pas mettre les autres en danger : ni les mouettes, ni les crabes, ni tout autre être vivant qui pourrait pâtir, mourir, de l’irresponsabilité de l’humain. Une simple bouteille en plastique, laissée sur le sable, porte atteinte à la santé d’un être vivant (une pensée pour Michel, les enfants). Et regardez ! elles sont nombreuses en fait, ces bouteilles, dans le paysage, en voilà une autre qui flotte dans l’eau à la toute fin de l’album… la mouette qui la regarde court à son tour un danger du même ordre.

Du point de vue des mouettes, comme des jeunes lecteurs vers qui l’une des mouettes tourne le regard sur la dernière double-page, la leçon à tirer est limpide : l’océan n’est pas une poubelle ; la nature non plus. Un album à la plage et à la page de l’agenda responsabilité écologique de toute une chacune, tout un chacun, à lire et relire avec des tout-petits et des plus grands. Quelques extraits pour vous donner l’eau à la bouche ici : http://www.editions-memo.fr/livre/pouet/ !

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Portrait vivant d’une autrice-illustratrice : Emilie Vast

La BBthèque a le grand plaisir de vous proposer de découvrir un nouveau portrait vivant d’une autrice illustratrice, en vous présentant aujourd’hui plus avant… :

Emilie Vast

photo- Emilie Vast- crédit photo Romu Ducros

Emilie Vast – crédit photo : Romu Ducros


Pour ce portrait vivant, Emilie Vast a accepté de répondre à ces quelques questions :

Qui suis-je ?

Je suis Emilie Vast, autrice-illustratrice d’albums jeunesse, amoureuse de la nature et de la jolie ligne.

Comment et pourquoi j’ai choisi de faire ce métier ?

Je n’ai pas vraiment choisi ce métier. Il m’est arrivé dessus par une succession de beaux hasards.
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Certes je dessinais dans mon coin, mais je n’avais pas projeté d’en faire mon métier. J’étais graphiste à l’époque, je me servais parfois du dessin dans cette activité. Et par le biais d’amis d’amis, mon travail a été suggéré à une autrice : Anne Mulpas. Elle a voulu me rencontrer par curiosité, nous nous sommes plu, elle m’a proposé un texte, nous avons trouvé un éditeur, c’est devenu un livre, le mal était fait !
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Voir mon nom écrit sur une couverture fut un déclic, j’ai choppé le virus, je me suis jetée dans la profession… donc d’abord en tant que simple illustratrice. Après moult péripéties, la deuxième vraie marche franchie, fut celle la maison d’édition MeMo. Là, pas vraiment un hasard : j’ai poussé la porte. Ici, c’est Christine Morault, l’éditrice, qui m’a poussée à l’écriture d’histoires (j’avais écrit un doc pour eux et fait un livre sans texte juste avant, mais ce n’est pas pareil !). Je ne me sentais pas franchement légitime au départ, mais elle a su me convaincre et cela a fonctionné, je suis devenue autrice. Vive les influences extérieures !

Qu’est-ce qui me plaît et me motive dans ce métier ?

Parler de la nature, véhiculer des valeurs, transmettre. Je me suis surtout concentrée sur la nature, l’envie de réveiller un intérêt pour elle chez l’enfant. Je me dis toujours que si on arrive à faire aimer quelque chose à quelqu’un, il naîtra du respect pour cette chose.

Comment je travaille pour écrire un livre ?

Aïe, c’est dur cette question. Car il n’y a pas vraiment de méthode ! C’est différent pour chaque livre !
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Généralement, tout part d’une envie de parler d’un thème.
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Ces thèmes vont venir d’inspiration diverses. Cela peut-être :

  • une résurgence de l’enfance. Par exemple, pour ma première écriture, j’étais assez perdue. Je me suis dit qu’il fallait commencer par quelque chose de classique, j’ai choisi : les couleurs. Direct, m’est revenu en mémoire mon apprentissage de la lecture sur Le magicien des couleurs de Arnold Lobel. J’ai repris l’idée générale de ce livre et c’est devenu « Neige, le blanc et les couleurs » + « Océan, le noir et les couleurs ».
  • des discussions avec les enfants en classe, et c’est étrange à dire, mais cela vient de leurs lacunes… Je suis tellement étonnée de leur méconnaissance dans un thème, que je vois la place à prendre, l’envie de combler… Sont nés ainsi : Abeille et épeire parce que j’avais de la peine pour l’énorme désamour pour les araignées et un vrai besoin de parler des abeilles ; Plantes vagabondes car les enfants semblaient trouver les plantes sans intérêt et j’ai voulu leur montrer à quel point elles étaient créatives et surprenantes.
  • une envie basique : « tiens, je n’ai pas de livre avec un loup, tout le monde a un livre avec un loup… zut, moi j’aime les loups, je vais faire en sorte, que les enfants n’en aient plus peur…» et hop = « moi j’ai peur du loup ».
  • des choses de la vie. La perte de mon chat a donné « Chamour »

Bref, vous avez compris, autant de livres, autant de manières d’en trouver le thème.
Après, pour l’histoire en elle même, c’est presque magique, ça peut venir vraiment d’un coup sans trop y penser. Je ne suis pas une laborieuse (bon, sauf pour les documentaires !!!), je laisse venir, quand le fruit est mûr, il me tombe dans la main. Par contre, ce système est frustrant quand le fruit ne mûrit pas ou met du temps ! Il faut être patient… cela peut prendre 2 jours comme plusieurs années…

Puis vient l’écriture simple et basique pour que cela soit lisible par autrui. Là, commence le vrai travail pour que cela sonne bien.
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Et puis le dessin! C’est long, mais j’adore cela, c’est là que l’histoire devient vivante. L’histoire sert de guide et je dois trouver comment l’accompagner le plus joliment et clairement possible.
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Comment j’imagine mes jeunes lecteurs quand j’écris ?

J’avoue que je n’y pense pas. La lectrice à laquelle je m’adresse est très clairement « moi, petite fille ».

Est-ce qu’il m’arrive de discuter avec les enfants autour de mes livres ?

Cela m’arrive, pas au moment de leur création, mais après. Souvent dans les classes.
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C’est toujours une émotion quand je lis une première fois l’un de mes livres, car je n’ai généralement aucune idée de comment il va être reçu. J’ai parfois eu des surprises ! De les voir rire, là où je ne m’attendais pas particulièrement à être drôle ! Comme à la lecture de… De maman en maman. Après, nous discutons et c’est donc parfois ces discussions qui m’inspirent de nouveaux thèmes…

La BBthèque remercie beaucoup Emilie Vast d’avoir répondu à ces quelques questions et invite tout un chacun à se plonger dans l’œuvre riche, sensible et féconde de cette autrice-illustratrice.
Vous pouvez retrouver ci-dessous les chroniques BBthèque des livres d’Emilie Vast en cliquant sur les titres ci-dessous :

Il ne nous reste plus qu’à vous en souhaiter de très belles lectures !

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3 gibbons, 1 colibri & 1 chanson

Connaissez-vous les Trois Gibbons de Kenji Abe ? Ces trois personnages, déjà présentés ici dans la BBthèque, invitent les jeunes lecteurs, dans une série de beaux albums publiés par les éditions MeMo, à partager avec eux leur riche quotidien, qui marie routine et événements surprenants, à l’image de l’opération de sauvetage d’un bébé crocodile. D’aventure en aventure, ces êtres responsables et volontaires font l’expérience de la relation à l’autre et développent un état d’esprit ouvert et solidaire, comme à l’occasion de cette rencontre avec une nouvelle amie, à plumes cette fois-ci :

Les Trois Gibbons

et la chanson du colibri

de Kenji Abe

trois gibbons chanson colibri kenji abe

Dans ce nouvel épisode, Ibbon, Nibbon et Sabbon croisent le chemin d’une petite femelle colibri (toute jaune), emportée par une tornade et désormais loin des siens, rompue de fatigue et littéralement perdue. « Comment faire » ? se demandent les trois comparses, question qu’ils s’étaient posée de la même façon pour sauver un petit mâle crocodile (tout vert) dans un épisode précédent. Même objectif : ils veulent aider cet être en détresse, et s’en donnent les moyens.

Les voici sillonnant l’océan, avec la demoiselle colibri, sur un bateau à voile (coque jaune, voile blanche), s’enquérant sur chaque île qui abrite des colibris : est-ce l’île de notre colibri ? … Jusqu’à eux-mêmes se retrouver dans la situation de leur amie : fatigués et perdus. Impasse ?

Rebondissement ! Une deuxième voie est possible, ouverte cette fois-ci par la colibri, qui ne se doute pas que son action va se muer en solution ! En effet, observant le sommeil gagner ses protecteurs gibbons, la petite colibri se met à chantonner, pour les bercer, un air de sa composition. L’air est entendu par l’un(e) de ses pairs qui, au vol, l’apprend instantanément et reproduit le chant. Une chaîne musicale se constitue dans le ciel, jusqu’à venir aux oreilles des parents de l’oiselle égarée ; ils parviennent à reconstituer la chaîne et retrouver leur enfant. Comme un geste de réciprocité et de remerciement, le chœur des colibris guident ensuite les trois gibbons pour leur permettre de rentrer eux aussi dans leur maison.

Mettant en scène les aspects positifs de la propagation d’une information, cet album se distingue par son propos, généreux et confiant dans la construction de liens sociaux, et son graphisme expressif et épuré. Il se rapproche d’un conte initiatique, dont la lecture fait grandir les enfants. Quelques extraits à découvrir par ici sur le site de l’éditeur !

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Avant moi

Après les formidables Origines de Lydia Gaudin et Je suis… d’Allegra Agliardi, j’ai le plaisir de vous présenter, dans la BBthèque, un troisième livre pour les plus petits qui les invite à un voyage dans l’histoire de la Terre et de la vie :

Avant moi

d’Emmanuelle Houssais

aux éditions du Ricochet

Ce grand livre au format carré (30*30 cm) et en papier épais présente, de double page en double page, succession de fresques format paysage (60*30 cm), les grandes étapes de l’évolution de la vie sur Terre, avec une explication splendidement illustrée, toujours suivie de la question, tellement récurrente chez l’enfant : « Et après ? », à laquelle l’auteur-illustrateur, Emmanuelle Houssais, répond la double page d’après. Ainsi démarre cette histoire… :

Un minuscule point dense, très chaud
tout petit, tout rikiki,
grossit,
grossit,

grossit…

BIG BANG ! C’est une gigantesque 
expansion de l’univers…
Et notre monde se met en route.
C’était il y a 13,7 milliards d’années.

Et après ?

Le tout jeune lecteur découvre ainsi, au fil de sa lecture, le Big Bang, la formation de la Terre, des océans, l’apparition des premières cellules et donc de la vie, dans les mers puis sur terre, l’arrivée des dinosaures remplacés dans le temps par des animaux et la genèse de l’humanité… jusqu’à la gestation d’un bébé dans le ventre de sa maman, et sa naissance :

Un bébé naît.
BIG BANG !
BLOUP ! OUIN !
C’est une explosion de joie,
les étoiles scintillent dans le ciel,
les galaxies dansent, 
les cœurs s’allument !

Ainsi se clôt ce premier documentaire qui réussit le pari d’expliquer, simplement et directement, aux plus petits, le cycle et l’odyssée de la vie. Quelques extraits à découvrir sur le site de l’éditeur, ici !

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Emilie Vast et les couleurs

Quand l’illustratrice, auteur et plasticienne Emilie Vast s’attelle à la question des couleurs aux éditions MeMo, collection Tout-petitsmemômes , voilà qui donne des petits bijoux de poésie à portée des tout-petits, à travers deux livres jumeaux, deux livres miroirs :

neige le blanc et les couleurs emilie vastocean le noir et les couleurs emilie vast

Neige, le blanc et les couleurs

Neige est une tourterelle que le bébé lecteur rencontre en plein hiver. Cette tourterelle, sur la terre ferme, fait chaque jour une découverte : le lundi, une vive baie rouge ; le mardi, une éclatante baie orange ; le mercredi, une lumineuse baie jaune… quand la semaine s’achève, notre tourterelle dispose de sept merveilles aux couleurs de l’arc-en-ciel ! Mais que peut-elle en faire ? La voici qui plante la baie rouge dans le sol, et tous les éléments environnants prennent la couleur rouge, c’est trop vif ; puis qui la déterre pour planter à s place la baie orange… c’est trop éclatant ; puis de même pour tenter la baie jaune, rien que la baie jaune… mais c’est trop lumineux… et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’oiseau ait la judicieuse idée de planter simultanément les baies de chaque couleur qu’elle a précieusement réunies ! Et voici que le paysage s’anime des mille couleurs du printemps… !

Océan, le noir et les couleurs

Sur le même principe, et avec les mêmes mots, voici l’aventure d’Océan, le cheval de mer vivant dans le noir des profondeurs. Ses découvertes quotidiennes à lui sont des perles… de différentes couleurs, exactement les mêmes que son alter ego Neige : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo et violet. Sept perles, sept teintes, sept filtres à travers lesquels mettre le monde en lumière… et la huitième merveille, l’éventail des couleurs au fonds des eaux quand l’hippocampe se met à enfouir dans le sable tous ses trésors à la fois !

Une paire d’albums complémentaire pour le plaisir des yeux, l’éveil des sens, la découverte des contrastes et des couleurs, l’attention à la nature, l’action des êtres vivants sur leur environnement et l’œuvre du temps. Un bonheur de lecture à partager avec les très jeunes enfants.