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Bouilles cherchent partout

Lumière, ici, ce jour, sur des livres où le bébé lecteur cherche, emboîtant le pas du protagoniste de l’histoire, un objet essentiel, plus ou moins insolite ! Voici voilà :

  • Bouille cherche partout, de Muriel Zürcher (texte), Gwen Keraval (illustrations), Frank Marty (musiques) et Marion Aubert (voix)
  • Mais où est-elle ? de Marie Mirgaine aux éditions Les Fourmis Rouges

Mon premier est un livre-CD-MP3 paru dans la collection Taille S aux éditions Benjamins Media : c’est l’histoire d’une toute petite grenouille (qui s’appelle Bouille !) bien embêtée, car elle a perdu son indispensable doudou, mais aussi bien motivée et remontée pour le retrouver… Une bouille surexcitée qui met la maison sans dessus dessous pour retrouver son doudou… elle file d’une pièce à l’autre en espérant le trouver et met le bazar sur son passage ! Son pauvre papa qui la suit pas à pas subit les conséquences du dynamisme fulgurant de son ouragan d’enfant. Oui, bien sûr, Bouille en fouillant la salle de bain a fait tomber un objet qui fait… tomber son papa en chemin ! A chaque pièce un nouveau pataquès et un nouveau patrata pour le papa ! Une série drôle et réjouissante de chutes et de tendres incidents, à lire et écouter, racontée du point de vue de cette bou(i)l(l)e d’énergie, où l’enfant finit par retrouver… le doudou de son papa ! Eh oui, l’histoire vit avec son temps : l’objet transitionnel moderne des grands… le téléphone intelligent. Quelques extraits à découvrir ici : https://www.benjamins-media.org/fr/catalogues/livres-cd-braille/collection-taille-s/bouille-cherche-partout !

Mon second est un album tout en jeux graphiques et sobriété, nouveau joli ovni d’album signé Marie Mirgaine qui nous propose, après Kiki en promenade, une nouvelle promenade, cette fois à partir d’un personnage que l’on voit de profil sur la page de couverture, déjà en mouvement. Le résumé de l’histoire ? Un homme-marionnette recherche quelque chose (ses vrais ou vraisemblablement faux cheveux envolés) qu’un coup de vent a emporté. Page après page, il croit avoir retrouvé cette perruque blonde assortie à ses yeux couleur de lune mais, surprise, c’est toujours une autre chose qui apparaît, visuellement si proche qu’on s’y trompe à chaque fois ! Alors… où est-elle ? La question est sans cesse relancée, jusqu’à la surprise finale : l’objet initial a trouvé un nouvel emploi, les anciens cheveux servent à présent de nid douillet à de jeunes oisillons ! La quête se finit ainsi, la perruque n’est plus, vive le nid ! Une virée poétique explorant, en dessins et mouvements, nuances et changements, à hauteur de tout petits enfants.

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Livres magiques grâce à ton souffle, ton dessin

La BBthèque vous présente aujourd’hui deux livres tout-cartonnés ludiques, parus aux éditions L’Ecole des loisirs :

  • Le souffle magique, de Vincent Bourgeau et Cédric Ramadier
  • Le livre-monstre, de Grégoire Solotareff

Dans le premier, tout commence avec un drame : un ballon dégonflé ; et, tout de suite, une proposition de solution mettant le bébé lecteur à contribution : « Tu veux m’aider ? Ton souffle est peut-être magique… Allez, souffle ! » Après chaque double page, la situation évolue après que les lecteurs aient bien voulu souffler, souffler, souffler… C’est fou tout ce qu’on peut faire en soufflant ! Y compris souffler la bougie avant d’aller au lit : bonne nuit, les petits !

Dans le second, le bébé lecteur reçoit une leçon. Une leçon de dessin pardi ! Pour peindre un oiseau… ah non. Pour peindre un monstre… ah presque. Pour peindre un livre-monstre, ah oui ! Il faut d’abord représenter un oeil. Ou deux. Ou trois. Des oreilles (poilues). Des dents (pointues). Tout le visage puis les membres clés du corps… Avec ces gros plans sur ses différentes parties, monstre, il pourrait faire très peur… Mais rassure-toi, cher bébé lecteur, l’auteur-dessinateur attire ton attention sur ton point sur la quatrième de couverture avec ce mot de la fin : ce monstre, c’est un livre souviens-toi, un livre-monstre et non un monstre-tout-court, c’est une créature dessinée que tu peux manipuler comme ça avec tes mains, elle n’est donc en fait pas effrayante du tout. Tadam, à tes pinceaux !

Bonnes lectures les p’tits monstres, artistes et magiciens !

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L’oiseau fait son nid

C’est le retour de Lucie Félix dans la BBthèque ! Avec un livre-objet formidable pour les tout-petits, sur la thématique du nid & de l’oiseau adulte/enfant dans son environnement :

Le nid

de Lucie Félix

Hormis son titre, cet ouvrage tout cartonné est un livre muet, compris dans un coffret. Le coffret compte : le livre lui-même mais aussi des petites figurines de papier, trois déjà constituées (maman oiseau, papa oiseau et bébé oisillon), ainsi qu’un gabarit (origami ou presque, me voici) pour agrandir la famille volatile. L’enfant et/ou l’adulte s’emparent de l’imagier, qui se plie, se déplie, à l’envie pour former une construction, un nid pour le bébé lecteur comme pour les personnages ailés de l’histoire qu’il manipulera aussi à souhait.

Le livre peut se déplier en mode tapis, représentant d’un côté un grand oiseau formé par une mosaïque de formes et de couleurs, de l’autre un patchwork de motifs correspondant à l’environnement d’une famille d’oiseaux avant/après la naissance de leur descendance :

De nuit, de jour, qu’il vente ou que le soleil rayonne, dans les branchages comme en picorant des graines, les oiseaux se nourrissent, se reproduisent puis prennent soin de leur petit, voltigeant de case en case, de coin en coin à proximité du nid ; de même, l’oisillon découvre pas à pas, à tire d’ailes, son nouvel environnement. Les carrés désignent ici tout à la fois un espace donné et un temps défini : frise-calendrier sur laquelle l’enfant joue les différentes étapes avant l’éclosion de l’œuf et l’envol de l’oiseau qui deviendra grand.

Le bébé lecteur est invité à observer et animer cette vie d’oiseaux (de papiers), tout en s’amusant lui-même à construire un livre-nid, un ouvrage où l’architecture des pages prend un tour ludique inédit :

Ce livre-jeu d’une esthétique très aboutie combine, en bref et à merveille, découverte du monde & dynamique de construction, par lesquelles le tout-petit lecteur apprend à évoluer en interaction avec son environnement.

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Arrive un nouveau canard

Spéciale dédicace à toutes celles et ceux qui, dès la petite enfance, intègrent un nouvel environnement en cette période de rentrée ! Lumière aujourd’hui sur un nouvel album de Claire Garralon, Le nouveau canard, paru fin août aux éditions MeMo :

Le nouveau canard

de Claire Garralon

Cet album réjouira celles et ceux qui ont déjà lu C’est ma mare puis La promenade des canards, en ce qu’il organise une rencontre au sommet : celle d’un canard noir (ressemblant à un jouet de bain), ambassadeur d’une communauté de canards colorés (ressemblant à des jouets de bain de la même série), et celle d’un canard tout en formes (celui figurant sur la page de couverture). Si vous n’avez pas lu ces deux autres albums, aucun problème, l’histoire se donne à découvrir sans ses titres le précédent. Ce canard nouveau est différent des autres canards qui se connaissent déjà, du moins c’est ce qu’ils pensent de premier abord. Seul le canard noir fait fi des cancans de sa communauté de canards pour faire connaissance avec le nouveau canard, l’introduire auprès des autres, se présenter.

Mais quand le nouveau canard se désigne comme tel pour se présenter à son tour, les canards remontés rétorquent qu’il n’est pas un canard, puisqu’il n’est pas comme eux. Le canard noir réfléchit, c’est là son autre qualité principale. « Il n’est pas comme nous, mais il ne ment pas. C’est bien un canard ». Puis il explique par le geste à ses camarades coincoin qu’eux-mêmes ne se ressemblent pas en tout point, ce qui ne les exclut pas de la population des canards pour autant ! Conclusion-révélation après cette brillante démonstration : « Nous sommes tous des canards ! » « Eh oui, dit le canard noir, il existe des canards de toutes les couleurs et de toutes les formes… comme le nouveau canard ! » La boucle est bouclée, le nouveau canard intégré, grâce à la bienveillance et à l’ouverture d’esprit de maître canard noir.

Un album joyeux et coloré qui parle de différence, de tolérance et d’intégration, renouvelant le regard des lecteurs, dès leur plus jeune âge, sur les canards de tous poils, euh, plumes, oui, c’est important, et, plus largement, sur l’acceptation de l’autre, ouvrant la porte, en dernière page, sur la vie en collectivité ainsi initiée & la place que chacun pourra y occuper. Une belle invitation à aborder ces notions essentielles avec les bébés lecteurs et plus si affinités ! Quelques extraits à découvrir ici : https://www.editions-memo.fr/livre/le-nouveau-canard.

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Exils & terres d’accueil

La BBthèque met en lumière ce jour deux albums jeunesse parus récemment qui parlent, avec bienveillance et poésie, d’exil et de terre nouvelle, terre d’accueil. Le sujet pourra en intéresser plus d’un(e) par sa résonnance avec l’actualité à travers le continent européen et le monde plus largement, son traitement dans ces deux ouvrages peut tout à fait être partagé dès le plus jeune âge :

  • Le premier rayon de soleil, d’Alain Millet aux éditions L’étagère du bas
  • Là-bas, de Rebecca Young et Matt Ottley aux éditions L’école des loisirs (un livre traduit de l’anglais qui nous vient d’Australie)

Mon premier fait la part belle au récit et aux illustrations colorées pour raconter le départ forcé, pour raison climatique, d’une famille à longues oreilles obligée de quitter un endroit trop exposé au soleil afin de trouver, à la place, un nouveau lieu de vie plus ombragé. Le papa, la maman et l’enfant marchent longtemps puis naviguent sur l’océan. La route est pleine de dangers. Ouf, la terre ferme se profile ! Le voyage se poursuit à pied, les saisons se suivent et la famille, toujours en marche, reste en quête d’une habitation durable, jusqu’à trouver une forêt de sapins géants, où ils se sentent en sécurité, enfin. Cette forêt est habitée par des oiseaux, qui, dans la nuit de l’arrivée de ces nouveaux venus, sur le conseil de la plus âgée d’entre eux et certainement la plus sage, décident de leur faire très bon accueil en les aidant à s’installer et en leur bâtissant une maison. Au premier rayon du soleil, surprise ! La famille en exil a le bonheur de se réveiller dans une maison chaleureuse et confortable. En retour, la famille nouvelle arrivante aide les oiseaux à se construire des maisons. Par la bienveillance et l’entraide, la cohabitation fonctionne à merveille : tout le monde est satisfait & le bonheur se lit sur les visages tout en se traduisant en amitiés.

Mon second (réédition dans la collection Lutin, en format poche, d’un titre paru en langue française en 2020 aux éditions Kaléïdoscope) fait la part belle aux illustrations mises en valeur par un texte sobre : « Il était une fois un garçon obligé de traverser la mer pour chercher un nouveau chez-lui. Dans son sac, il avait un livre, une gourde et une couverture. Dans une vieille tasse, il emportait une poignée de terre de l’endroit où il avait tant joué ». Le récit narre le voyage de cet enfant, qui bénéficie tantôt d’une mer tranquille, tantôt agitée ; tantôt admirable, tantôt terrifiante. Puis un jour un oiseau fend l’air, un albatros ! Le garçon l’observe et songe à son pays, son climat, son arbre favori, il reprend espoir. Au petit matin, surprise ! « Une petite chose avait germé dans sa tasse » : un petite chose qui devient, jour après jour, sur son bateau, un arbre immense, depuis la cime duquel il finit par apercevoir à son tour la terre ferme. « Le garçon explora le rivage. L’endroit lui plaisait bien. Il décida de s’y installer ». Peu de temps après, ce rivage accueillant voit arriver une autre personne rescapée, une petite fille, cette fois. Une nouvelle vie, à deux, peut commencer.

Deux ouvrages dont la BBthèque vous recommande vivement la lecture, belles ouvertures à toutes ces personnes, adultes, enfants, qui doivent quitter leurs chez-eux et effectuer un long et difficile voyage avant d’espérer élire domicile dans une terre accueillante, habitable, où vivre en adéquation avec l’environnement et bonne entente avec les gens.