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Rire de tout & de rien

Juillet rime avec guilleret : l’humour, et la capacité à relativiser, prennent aussi leurs quartiers chez les bébés, à l’image des deux albums suivants parus récemment en français, illustrant dans la bonne humeur que tel peut être pris qui croyait prendre, non !? Le tout sourire aux lèvres ou à fleur de bec s’il-vous-plaît:

  • Le Roi de la blague, de Thomas Scotto et Vanessa Hié aux éditions A pas de loups
  • Dépêche-toi Alphonse Aubert, de Gunilla Bergström aux éditions L’Etagère du bas

Mon premier se lit d’un trait, en suivant le trait d’humour d’un sacré blagueur, le piaf Pique-bœuf, qui fait croire, à tour de rôle, à un nombre incroyable d’animaux qu’on voit leur culotte jusqu’à la lune ou jusqu’à New-York ! L’une après l’autre, ces bêtes, pudiques, sont bien embarrassées, et Pique-bœuf fort content de l’effet de son tour s’envole toujours plus loin à la recherche d’une nouvelle victime. Jusqu’à ce que… l’ultime supposée victime, Lion de son état, coupe le bec de ce blagueur devenu à force de redite par trop importun, hop voilà que la victime devient ainsi mets de choix pour ce Roi. « Moralité : les plumes courtes d’un Pique-bœuf blagueur sont toujours les meilleures » !

Mon second est tout jeune pour les lecteurs français, mais fête cette année ses cinquante ans dans son pays d’origine, la Suède ! Dans cet album, Alphonse Aubert a 4 ans, il vit avec son papa ; l’histoire se déroule entre le moment où le réveil sonne et le départ à l’école. L’album représente une horloge et le tic-tac du petit matin, en même temps qu’il donne à entendre un papa, appelant régulièrement et de plus en plus fort son bambin pour qu’il se prépare, et un enfant (dont nous suivons le point de vue) qui vit le temps très différemment. Pour lui, une idée = un instant qui engendre une autre idée = un autre instant ; à chaque appel de son père, il réplique, effet de répétition/accumulation : oui, « faut juste que… » explicitant spontanément sa nouvelle occupation, mais irritant toujours plus son papa. Quelques minutes avant l’heure fatidique, Alphonse Aubert finit par rejoindre son papa, son dernier « faut juste que » correspondant précisément à une agréable surprise qu’il veut faire à son père, et, cette occupation-là réalisée, il est tout à fait efficace pour petit-déjeuner et achever de se préparer dans le temps imparti. Le voilà fin prêt, pile à l’heure… Mais, mais où est papa ? Absorbé dans la surprise que lui a apportée son fils, il répond distraitement : j’arrive, « faut juste que… » ! Père et fils rient ensemble de bon cœur avant de se retrouver et de fermer le livre / partir pour de nouvelles aventures.

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Chaud-froid !

La BBthèque vous propose deux albums qui soufflent bien joliment, en ce début de printemps, le chaud et le froid, à hauteur d’enfant pour accompagner en douceur les bébés lecteurs dans la compréhension des saisons, et l’apprentissage de la patience autant que l’inscription du temps dans la durée comme dans l’instant :

En avril ne te découvre pas de fil, avant d’aborder prudemment le joli mois de mai :

Couvre-toi ! signé Françoise Rogier met en scène une fillette ravie de voir la neige tomber par la fenêtre, s’empressant de vouloir sortir et jouer dehors sous et dans cette neige qui lui fait tant envie. Sur la page de gauche, elle court vers la porte. Sur la page droite, une voix la rappelle à l’ordre et à la raison : « Attends ! Couvre-toi, il fait froid ». Cette double tension (sortir oui, mais bien emmitouflée : il faut prendre le temps de bien s’habiller, d’anticiper sa sortie) constitue la dynamique, humoristique, de cet album qui fera sourire parents et enfants, jusqu’à la chute finale, et enfin la promenade sur les sols enneigés. Quelques extraits à découvrir ici, sur le site de l’éditeur : https://www.apasdeloups.com/livres/couvre-toi.

C’est quand l’été ? de Romane Lefebvre raconte l’histoire d’un ours, Boris, qui se réjouit de l’arrivée de l’été. Sauf que… son envie du moment ne rejoint pas la réalité du présent : dehors, ce n’est pas l’été ; dehors, c’est tout enneigé ! Boris s’en va consulter sa voisine, la lapine Micheline, qui l’invite à joue à la neige en sa compagnie. Sauf que Boris est buté : il veut l’été, rien que l’été ! L’hiver passe sans que Boris ne sorte de chez lui, fixé sur son idée d’été. Le soleil revient. C’est l’été !? Eh non, point encore. La fin de l’hiver, puis le printemps. Micheline profite des bienfaits de chaque saison ; Boris reste chez lui, bougon. Et puis un beau jour, tadam : l’été est arrivé ! Micheline vient chercher son ami Boris, direction le lac : Boris peut enfin se baigner ! Mais… que se passe-t-il, Boris a l’air tout ennuyé ??? C’est que Boris, n’ayant pas profité des mois écoulés, a une envie encore un peu décalée, tout en inversant encore son rapport au temps : il a envie de faire un bonhomme de neige ! Il voulait être dans le futur, il lorgne à présent vers le passé… Quel méli-mélo ! Qui sait : peut-être l’année prochaine, surmontant ses frustrations passées, Boris saura profiter du temps présent !? Quelques extraits de cet album juste et sensible, servi par de belles couleurs, à découvrir là, sur le site de l’éditeur : https://www.le-diplodocus.fr/catalogue/cest-quand-lete.

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Faire de la pouet, ça nuit aux mouettes

La BBthèque vous présente aujourd’hui le nouveau et excellent livre de Claire Garralon :

Pouet !

de Claire Garralon

aux éditions MeMo

Bleu l’horizon, bleu le ciel, bleue la mer, paysage d’apparence idéale, avec des mouettes en plein vol qui, agitant leurs ailes, semblent se saluer gaiement « mouet ! mouet ! mouet ! ». Tout à coup, pirouette et non cacahuète, une ombre au tableau, et non des moindres : une mouette, depuis les cieux, entend au sol un autre son, un cri dénaturé : « pouet ! ». Inquiète, elle se pose et rejoint l’oiseau émetteur de cet étrange bruit. Il semble mal en point. Elle lui demande comment il va, ce qu’il se passe. Michel, la mouette abîmée (patient zéro ?) s’exprime avec difficulté, se contentant de quelques mots et prononçant tous les « m » comme des « p » et tous les « p » comme des « m » ; il parvient à expliquer à la mouette lanceuse d’alerte qu’il a mangé du pouet. Mais encore ? Branle-bas le combat sur la plage : des mouettes se donnent rendez-vous pour dresser une liste d’hypothèses sur la maladie dont le volatile échoué serait atteint. Et blablabli, et blablabla, Michel réussit à en placer une : il n’est « mas palade », à la fin ! Le problème qu’il rencontre est tout autre. Ah… mais alors, quoi ?

Trêve d’assomptions, compère crabe survient, il est un peu médecin, ou à tout le moins il garde les pieds sur terre : tout de suite, il a l’idée d’ausculter le patient et trouve le pourquoi du comment en un rien de temps. Cette pauvre mouette avait avalé du… « mastic » !? Du plastique ! Une bouteille de plastique ! Qu’elle réussit, triple ouf, à extirper de son bec. Berk ! La tribu des mouettes se penche sur l’origine du mal « Oh ! du plastique ! » et la collectivité en présence de dresser deux bilans/conclusions de la situation : premièrement, « Il faut faire attention, il y en a plein l’océan » ; deuxièmement : « C’est bizarre, l’océan n’est pourtant pas une poubelle ? »

A travers cet album aux belles et rieuses sonorités, aux personnages expressifs disposant de caractères bien trempés, et à un graphisme qui donne envie de voir les mouettes voler et nager en bonne santé, Claire Garralon sensibilise les enfants dès le plus jeune âge aux gestes simples à pratiquer au quotidien pour ne pas mettre les autres en danger : ni les mouettes, ni les crabes, ni tout autre être vivant qui pourrait pâtir, mourir, de l’irresponsabilité de l’humain. Une simple bouteille en plastique, laissée sur le sable, porte atteinte à la santé d’un être vivant (une pensée pour Michel, les enfants). Et regardez ! elles sont nombreuses en fait, ces bouteilles, dans le paysage, en voilà une autre qui flotte dans l’eau à la toute fin de l’album… la mouette qui la regarde court à son tour un danger du même ordre.

Du point de vue des mouettes, comme des jeunes lecteurs vers qui l’une des mouettes tourne le regard sur la dernière double-page, la leçon à tirer est limpide : l’océan n’est pas une poubelle ; la nature non plus. Un album à la plage et à la page de l’agenda responsabilité écologique de toute une chacune, tout un chacun, à lire et relire avec des tout-petits et des plus grands. Quelques extraits pour vous donner l’eau à la bouche ici : http://www.editions-memo.fr/livre/pouet/ !

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Avant/après venir au monde

La BBthèque vous présente aujourd’hui deux livres tendres et poétiques qui racontent et accompagnent les naissances, comme autant de délicates et subtiles mélodies du bonheur acquis de bonne heure :

  • Avant de venir au monde, de Gigi Bigot et Evelyne Mary, avec les musiques de Cascadeur, aux éditions Benjamin Medias
  • Premiers bonheurs, de Véronique Joffre aux éditions Thierry Magnier

Avant de venir au monde

Commençons par un livre à découvrir dès la toute petite enfance, et même pendant une grossesse : Avant de venir au monde réunit mots, illustrations et musiques dédié(e)s « à l’enfant à venir, à l’enfant avenir ». A l’enfant en gestation dans le ventre de sa maman – une bulle de bonheur !

Ce livre-CD-MP3 adopte le point de vue de celle ou celui à venir, point de vue universel, tout le monde étant passé par là : « c’est pour tout le monde pareil », nous dit la douce voix qui semble nous parler depuis la bulle du ventre rond, depuis l’aquarium dans lequel on nage, en utilisant le pronom indéfini et universel « on ». L’histoire, douce, bienveillante, sensible, accompagne avec justesse et poésie ce temps d’exception qui est celui de la conception, mais aussi tous les temps d’après, ceux où l’on renoue avec notre place originale, originelle, où l’on revit le bonheur que l’on a connu de si bonne heure. La musique, dans un style dit « électro pré-natal » restitue à merveille cette bébé-planète (psst : vous pouvez écouter un extrait audio par ici)

Au début, cela commence ainsi : « Quand on est dans le ventre, il paraît que c’est le paradis, qu’on est sans souci. On a de la place. On a toute la place. » Et on s’amuse, on commence à sentir, à échanger avec, le monde extérieur, celui auquel on va venir. Puis on y vient, plouf dans le grand bain, le grand cirque de la vie ! Ce moment de transition entre la vie dedans et la vie dehors, avant que l’enfant ne grandisse pas à pas : « pas si vite, petite fille, pas si vite, petit bonhomme, tu as tout ton temps, tu as toute la vie »… Eh oui !

Premiers bonheurs

Poursuivons avec un livre-caresse pour les bébés (lecteurs) déjà nés ! Véronique Joffre met en mots et en images, avec Premiers bonheurs, comme un imagier des premières années et moments-clés pour et avec un bébé : les jeux (coucou-caché, empiler…), le bonheur et le besoin de s’alimenter, se promener, se laver, se câliner, dormir, bouger par soi-même, découvrir le monde, sociabiliser, grandir… bien entouré.

Chaque double page met en regard, à gauche, les premiers bonheurs de nos amis les bébés animaux, à droite ceux des tout-petits humains : les premiers pas, primo-apprentissages de la vie, se rejoignent ainsi dans une approche toute en douceur de cette période qui rime aussi avec bonheur. L’ouvrage se clôt ainsi sur un nouveau bonheur à venir : un bébé, devenu enfant, qui pose sa tête, ravi(e), contre le ventre à nouveau rebondi de sa maman, et à proximité de son papa.

Quelques images à découvrir ici :

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Deux paires de nouveaux chaussons !

Dehors il neige, c’est l’hiver, il fait froid ; dans nos intérieurs, bien entourés, bien réchauffés, rien de tel que d’enfiler de beaux petits chaussons, et d’enchaîner en découvrant les nouveaux titres de l’excellente collection « Les petits chaussons » : quatre nouveaux livres sortent en effet ces jours-ci en librairie, signés Julia Chausson & publiés comme leurs frères et sœurs par les éditions Rue du Monde. Deux paires de nouveaux chaussons en chansons !

Dans ces petits cartonnés format carrés (avec bords arrondis s’il-vous-plaît), des comptines, oui, mais contées et illustrées avec goût et facétie ! Julia Chausson poursuit avec délectation son entreprise de graver dans l’humour les ritournelles et chansonnettes les plus connues du répertoire français :

Une souris verte qui courait dans l’herbe… je l’attrape par la queue je la montre à ces messieurs…

Mon petit lapin… s’est sauvé dans le jardin… cherchez-moi coucou coucou je suis caché sous un chou…

J’aime la galette… savez-vous comment ? quand elle est bien faite…

Je fais le tour de ma maison… j’ouvre un volet… j’ouvre un deuxième volet

Qu’advient-il dans ces ouvrages de ces petits personnages ?

Avec la souris, le bébé lecteur en voit de toutes les couleurs ! Pourquoi se cantonner au vert, quand les paroles peuvent connoter une multitude d’autres teintes ? Une souris qui courait dans l’herbe oui, et poursuit sa course tout du long de cette chanson revisitée, et même peut-être encore ensuite… Avec le lapin, place à un trio de couleurs & à une partie de cache-cache : un chou vert clair, un fond orange, page après page la part de chou vert clair s’amenuit et donne à deviner puis à identifier compère lapin blanc gourmand ! Qui gagnera la partie ? La galette, je l’aime, mais qui est « je » ? Nous sommes visiblement nombreux (toutes sortes d’oiseaux, un serpent, une tortue, un phoque !) à nourrir une certain intérêt en direction de ce gâteau doré, est-ce pour le manger ou pour jouer ? Ne serait-ce pas aussi pour être la reine, le roi ? Je fais le tour de mon visage-maison : qui est « je » cette fois ? D’habitude, c’est un doigt. Ici, on la voit sur la couverture de l’ouvrage, c’est une coccinelle, artiste de profession, démiurge même peut-être, car c’est elle qui dessine le visage décrit par la chanson jusqu’à lui donner la vie ! A la fin, elle serait bien partie pour rentrer dans sa maison, mais l’homme-maison lui oppose un refus en bonne et due forme : pas question ! La coccinelle, joyeuse, s’envole et rit.

Des livres réjouissants : pépites graphiques, pépites ludiques, où l’on explore dès le plus jeune âge le sens des chansons et bien plus encore. A se procurer vite, vite, pour les partager encore et encore avec les tout-petits.