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Petit pied

La BBthèque vous propose aujourd’hui une promenade à pas de bébés, avec un livre dont le héros est un petit pied !

Petit Pied

d’Elisa Mazzoli & Marianna Balducci

aux éditions A2mimo

Après les livres dont les personnages principaux sont les petits doigts (parmi lesquels Abracadadoigts ; La promenade de petit bonhomme ; Parcours santé pour les mains ; sans oublier les excellents livres-jeux de doigts d’Hervé Tullet), c’est au tour des petits orteils d’occuper le devant de la scène, dans ce livre de format carré, aux bords arrondis, où un petit peton entame une promenade au fil des pages pour mieux découvrir le monde : son environnement proche et immédiat.

L’album se fonde sur le principe d’un récit combinant la photo, d’un pied d’enfant en mouvement, et les dessins, en crayonné noir et blanc, des éléments et objets qu’il rencontre en chemin, à l’image d’un récit mêlant documentaire et fiction pour les 0-3 ans : en marchant pied nu, que vais-je rencontrer, toucher, sentir, connaître, heurter ? Un caillou (et c’est grand un caillou, par rapport à un tout-petit peton) ; une fleur ; une boule de poils (un chat) ; le sable, la mer, les petits poissons et outch ! un crabe ; un escalier, et, en haut des marches, un pied de parent… rassurant ! Pour le héros va nu-pied, la promenade est aussi une séance de motricité : marcher, nager, courir, grimper et… se reposer.

Un bien joli livre, tout en poésie et sensations, pour celles et ceux qui font leurs premiers pas ! et au-delà.

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Exils & terres d’accueil

La BBthèque met en lumière ce jour deux albums jeunesse parus récemment qui parlent, avec bienveillance et poésie, d’exil et de terre nouvelle, terre d’accueil. Le sujet pourra en intéresser plus d’un(e) par sa résonnance avec l’actualité à travers le continent européen et le monde plus largement, son traitement dans ces deux ouvrages peut tout à fait être partagé dès le plus jeune âge :

  • Le premier rayon de soleil, d’Alain Millet aux éditions L’étagère du bas
  • Là-bas, de Rebecca Young et Matt Ottley aux éditions L’école des loisirs (un livre traduit de l’anglais qui nous vient d’Australie)

Mon premier fait la part belle au récit et aux illustrations colorées pour raconter le départ forcé, pour raison climatique, d’une famille à longues oreilles obligée de quitter un endroit trop exposé au soleil afin de trouver, à la place, un nouveau lieu de vie plus ombragé. Le papa, la maman et l’enfant marchent longtemps puis naviguent sur l’océan. La route est pleine de dangers. Ouf, la terre ferme se profile ! Le voyage se poursuit à pied, les saisons se suivent et la famille, toujours en marche, reste en quête d’une habitation durable, jusqu’à trouver une forêt de sapins géants, où ils se sentent en sécurité, enfin. Cette forêt est habitée par des oiseaux, qui, dans la nuit de l’arrivée de ces nouveaux venus, sur le conseil de la plus âgée d’entre eux et certainement la plus sage, décident de leur faire très bon accueil en les aidant à s’installer et en leur bâtissant une maison. Au premier rayon du soleil, surprise ! La famille en exil a le bonheur de se réveiller dans une maison chaleureuse et confortable. En retour, la famille nouvelle arrivante aide les oiseaux à se construire des maisons. Par la bienveillance et l’entraide, la cohabitation fonctionne à merveille : tout le monde est satisfait & le bonheur se lit sur les visages tout en se traduisant en amitiés.

Mon second (réédition dans la collection Lutin, en format poche, d’un titre paru en langue française en 2020 aux éditions Kaléïdoscope) fait la part belle aux illustrations mises en valeur par un texte sobre : « Il était une fois un garçon obligé de traverser la mer pour chercher un nouveau chez-lui. Dans son sac, il avait un livre, une gourde et une couverture. Dans une vieille tasse, il emportait une poignée de terre de l’endroit où il avait tant joué ». Le récit narre le voyage de cet enfant, qui bénéficie tantôt d’une mer tranquille, tantôt agitée ; tantôt admirable, tantôt terrifiante. Puis un jour un oiseau fend l’air, un albatros ! Le garçon l’observe et songe à son pays, son climat, son arbre favori, il reprend espoir. Au petit matin, surprise ! « Une petite chose avait germé dans sa tasse » : un petite chose qui devient, jour après jour, sur son bateau, un arbre immense, depuis la cime duquel il finit par apercevoir à son tour la terre ferme. « Le garçon explora le rivage. L’endroit lui plaisait bien. Il décida de s’y installer ». Peu de temps après, ce rivage accueillant voit arriver une autre personne rescapée, une petite fille, cette fois. Une nouvelle vie, à deux, peut commencer.

Deux ouvrages dont la BBthèque vous recommande vivement la lecture, belles ouvertures à toutes ces personnes, adultes, enfants, qui doivent quitter leurs chez-eux et effectuer un long et difficile voyage avant d’espérer élire domicile dans une terre accueillante, habitable, où vivre en adéquation avec l’environnement et bonne entente avec les gens.

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Faire de la pouet, ça nuit aux mouettes

La BBthèque vous présente aujourd’hui le nouveau et excellent livre de Claire Garralon :

Pouet !

de Claire Garralon

aux éditions MeMo

Bleu l’horizon, bleu le ciel, bleue la mer, paysage d’apparence idéale, avec des mouettes en plein vol qui, agitant leurs ailes, semblent se saluer gaiement « mouet ! mouet ! mouet ! ». Tout à coup, pirouette et non cacahuète, une ombre au tableau, et non des moindres : une mouette, depuis les cieux, entend au sol un autre son, un cri dénaturé : « pouet ! ». Inquiète, elle se pose et rejoint l’oiseau émetteur de cet étrange bruit. Il semble mal en point. Elle lui demande comment il va, ce qu’il se passe. Michel, la mouette abîmée (patient zéro ?) s’exprime avec difficulté, se contentant de quelques mots et prononçant tous les « m » comme des « p » et tous les « p » comme des « m » ; il parvient à expliquer à la mouette lanceuse d’alerte qu’il a mangé du pouet. Mais encore ? Branle-bas le combat sur la plage : des mouettes se donnent rendez-vous pour dresser une liste d’hypothèses sur la maladie dont le volatile échoué serait atteint. Et blablabli, et blablabla, Michel réussit à en placer une : il n’est « mas palade », à la fin ! Le problème qu’il rencontre est tout autre. Ah… mais alors, quoi ?

Trêve d’assomptions, compère crabe survient, il est un peu médecin, ou à tout le moins il garde les pieds sur terre : tout de suite, il a l’idée d’ausculter le patient et trouve le pourquoi du comment en un rien de temps. Cette pauvre mouette avait avalé du… « mastic » !? Du plastique ! Une bouteille de plastique ! Qu’elle réussit, triple ouf, à extirper de son bec. Berk ! La tribu des mouettes se penche sur l’origine du mal « Oh ! du plastique ! » et la collectivité en présence de dresser deux bilans/conclusions de la situation : premièrement, « Il faut faire attention, il y en a plein l’océan » ; deuxièmement : « C’est bizarre, l’océan n’est pourtant pas une poubelle ? »

A travers cet album aux belles et rieuses sonorités, aux personnages expressifs disposant de caractères bien trempés, et à un graphisme qui donne envie de voir les mouettes voler et nager en bonne santé, Claire Garralon sensibilise les enfants dès le plus jeune âge aux gestes simples à pratiquer au quotidien pour ne pas mettre les autres en danger : ni les mouettes, ni les crabes, ni tout autre être vivant qui pourrait pâtir, mourir, de l’irresponsabilité de l’humain. Une simple bouteille en plastique, laissée sur le sable, porte atteinte à la santé d’un être vivant (une pensée pour Michel, les enfants). Et regardez ! elles sont nombreuses en fait, ces bouteilles, dans le paysage, en voilà une autre qui flotte dans l’eau à la toute fin de l’album… la mouette qui la regarde court à son tour un danger du même ordre.

Du point de vue des mouettes, comme des jeunes lecteurs vers qui l’une des mouettes tourne le regard sur la dernière double-page, la leçon à tirer est limpide : l’océan n’est pas une poubelle ; la nature non plus. Un album à la plage et à la page de l’agenda responsabilité écologique de toute une chacune, tout un chacun, à lire et relire avec des tout-petits et des plus grands. Quelques extraits pour vous donner l’eau à la bouche ici : http://www.editions-memo.fr/livre/pouet/ !

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Roulé – caché !

Lumière sur deux tout-cartonnés, publiés à l’attention des bébés en 2019 aux éditions l’Ecole des loisirs, qui ont pour point commun de raconter et mettre en scène le jeu premier… soit les jeux fondamentaux auxquels on joue dès la petite enfance et qui peuvent faire l’objet de mille et une variantes :

  • jouer à la balle : c’est l’objet de Roule ma boule, de Grégoire Solotareff
  • jouer à cache-cache : comme La mouette et le goéland, de Jeanne Boyer

Roule

ma boule

Sur la page de droite de la première double plage, la première phrase de cet album annonce la couleur : « C’est l’histoire de ma boule ». La deuxième phrase ouvre le récit : « Je l’avais laissée tout en haut de l’escalier » ; sur la page de gauche, le bébé lecteur voit « ma balle » (rouge) en haut d’un escalier (rose) de trois marches. Quand soudain arrive le facteur déclencheur. Un chat. Dont la patte joueuse passait par là. Résultat : la balle roula jusqu’en bas (de l’escalier rose qui désormais compte beaucoup beaucoup beaucoup plus de marches). Ce n’est pas le tout : l’histoire de ma boule continue, avec une porte lumineuse, donnant cependant sur un espace plongé dans le noir. Nouveau facteur déclencheur : une main s’empare de l’objet roulant… qui est à présent lancé, si loin qu’il a bien le temps de voir du pays et nous faire voyager avant de revenir… devinez, en haut d’un escalier. 3, 2, 1 c’est potentiellement reparti pour une nouvelle histoire !

Qui l’eût cru ? L’histoire de ma boule, signée Grégoire Solotareff, est une aventure à part entière, un périple parsemé de surprises, un voyage qui nous emmène loin et près à la fois ! Ce récit fondamentalement ludique et dynamique, à hauteur des tout-petits, est servi par des illustrations épurées et colorées, permettant aux très jeunes lecteurs d’identifier aisément les formes et le mouvement, tout en s’identifiant à cet objet devenu personnage principal de l’histoire : ma boule.

La mouette et le goéland

la mouette et le goéland jeanne boyer

En complément, voici deux oiseaux habitués de la plage : la mouette et le goéland, qui se donnent rendez-vous les pattes dans le sable et conviennent de se livrer à une partie de cache-cache. Coucou-caché, c’est le goéland qui compte et la mouette qui part se cacher. Passé le chiffre 20, le goéland démarre sa quête – et le bébé lecteur avec lui. Où est cachée la mouette ? Derrière les rochers ? Que nenni derrière les rochers c’est un crabe qui est caché ! Dans le château de sable ? Mais non ce sont les étoiles de mer qui nous saluent bien bas dans ce sable-là ! Sous la serviette ? Ne confondons pas tout et laissons à la tortue son abri pour son moment de calme et répit. Derrière le parasol ? Encore moins… vous allez rire, c’est un phoque qui se trouve là, les yeux rivés sur son smartphone… ! La mouette se serait-elle envolée ? Et pourquoi pas ? C’est en levant les yeux au ciel que le goéland finit par trouver au-dessus ce qu’il cherchait.

Cet album, écrit et illustré par Jeanne Boyer, raconte avec humour une partie de cache-cache en bord de mer ; l’occasion de passer en revue le bestiaire marin mais aussi les poncifs de la plage, dans la bonne humeur, tout en faisant la part belle à l’amitié : se chercher pour mieux se trouver ; dans une partie de coucou-caché, il est essentiel, en effet, de se retrouver ; et profiter alors à nouveau, comme la mouette et le goéland, d’un agréable moment… ensemble.

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3 gibbons, 1 colibri & 1 chanson

Connaissez-vous les Trois Gibbons de Kenji Abe ? Ces trois personnages, déjà présentés ici dans la BBthèque, invitent les jeunes lecteurs, dans une série de beaux albums publiés par les éditions MeMo, à partager avec eux leur riche quotidien, qui marie routine et événements surprenants, à l’image de l’opération de sauvetage d’un bébé crocodile. D’aventure en aventure, ces êtres responsables et volontaires font l’expérience de la relation à l’autre et développent un état d’esprit ouvert et solidaire, comme à l’occasion de cette rencontre avec une nouvelle amie, à plumes cette fois-ci :

Les Trois Gibbons

et la chanson du colibri

de Kenji Abe

trois gibbons chanson colibri kenji abe

Dans ce nouvel épisode, Ibbon, Nibbon et Sabbon croisent le chemin d’une petite femelle colibri (toute jaune), emportée par une tornade et désormais loin des siens, rompue de fatigue et littéralement perdue. « Comment faire » ? se demandent les trois comparses, question qu’ils s’étaient posée de la même façon pour sauver un petit mâle crocodile (tout vert) dans un épisode précédent. Même objectif : ils veulent aider cet être en détresse, et s’en donnent les moyens.

Les voici sillonnant l’océan, avec la demoiselle colibri, sur un bateau à voile (coque jaune, voile blanche), s’enquérant sur chaque île qui abrite des colibris : est-ce l’île de notre colibri ? … Jusqu’à eux-mêmes se retrouver dans la situation de leur amie : fatigués et perdus. Impasse ?

Rebondissement ! Une deuxième voie est possible, ouverte cette fois-ci par la colibri, qui ne se doute pas que son action va se muer en solution ! En effet, observant le sommeil gagner ses protecteurs gibbons, la petite colibri se met à chantonner, pour les bercer, un air de sa composition. L’air est entendu par l’un(e) de ses pairs qui, au vol, l’apprend instantanément et reproduit le chant. Une chaîne musicale se constitue dans le ciel, jusqu’à venir aux oreilles des parents de l’oiselle égarée ; ils parviennent à reconstituer la chaîne et retrouver leur enfant. Comme un geste de réciprocité et de remerciement, le chœur des colibris guident ensuite les trois gibbons pour leur permettre de rentrer eux aussi dans leur maison.

Mettant en scène les aspects positifs de la propagation d’une information, cet album se distingue par son propos, généreux et confiant dans la construction de liens sociaux, et son graphisme expressif et épuré. Il se rapproche d’un conte initiatique, dont la lecture fait grandir les enfants. Quelques extraits à découvrir par ici sur le site de l’éditeur !