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Le rendez-vous de Monsieur Chat

D’ordinaire, les albums mettent en scène des histoires vues de face ou de profil. Rarement d’en bas, rarement d’en haut, jamais de dos. C’est là qu’arrive Marie Poirier, éditée chez les Grandes Personnes : après son formidable Vu d’en haut, la voici qui s’attelle à un très joli récit, tout aussi muet, et vu de dos s’il-vous-plaît, le combo qu’il fallait pour narrer le rendez-vous de Monsieur Chat.

La technique utilisée est la même que dans Vu d’en haut : la linogravure, au service d’un univers graphique où domine le bleu des jours d’été. Tout au long de cette histoire, nous voyons, en fait, avec les yeux d’un chat, Monsieur Chat.

Un chat d’appartement, vraisemblablement, dont dès le départ le regard va loin, épouse le lointain, même s’il voit aussi tout ce qui est plus proche de lui, et le bébé lecteur avec lui : cette femme qui joue du piano, cette petite fille qui prend son chapeau. La petite fille sort, le chat lui emboîte le pas.

Une balade en ville côtière, parmi les rues puis les herbes des jardins où le chat joue à chat avec l’oiseau, qui vole également vers un autre horizon. La fillette s’assoit sur le sable et salue une amie qui arrive par bateau. Le chat, quant à lui, sympathise avec un autre chat. Tandis que le soleil se couche et que les demoiselles papotent, Monsieur le Chat, lui, monte à bord du voilier pour prolonger son périple, accompagné de son nouveau compagnon à moustaches.

Poétique et artistique, cet album tout cartonné, en format paysage, constitue une invitation à la contemplation et au voyage pour les bébés lecteurs, observateurs et rêveurs en herbe, qui aiment aussi regarder devant, d’abord tout près et puis plus loin, là-bas, tout là-bas.

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Vu d’en haut

Beaucoup de livres pour tout-petits se mettent à hauteur d’enfant pour décrire leur environnement. L’album que je vous présente aujourd’hui non seulement se met à hauteur d’enfants… mais les embarque également dans un voyage visuel inédit des plus palpitants : dans Vu d’en haut de Marie Poirier, édité chez les Grandes Personnes, voici le bébé lecteur monté d’un cran ; le voilà presque devenu, par le fruit d’une drôle de magie fondée sur l’élévation & la lévitation, plus grand que les grands, tant il a pris de hauteur pour pouvoir observer le monde depuis là-haut, tout là-haut !

vu-d-en-haut-marie-poirierUn album tout cartonné, facile à manier, et dont les bords arrondis rejouent la forme circulaire de la couverture comme du propos tout en plénitude et rondeur.

Un livre jaune comme le soleil et le sable, bleu comme l’eau de la piscine, rouge comme les toits des maisons, les chapeaux de ces enfants & les pommes, et vert comme les feuilles, les arbres ou encore d’autres chapeaux. Une palette de couleurs sobre, efficace et chaleureuse pour situer la saison dans lequel cette aventure s’inscrit : un été chaud, où il faut beau et bon se plonger dans l’eau !

Or donc quel est ce récit, vu d’en haut ? D’abord, une vue panoramique offre aux regards le village, ses axes routes et habitations. Puis l’on amorce une descente : zoom sur une propriété : maison, arbres fruitiers, piscine, table, parasol… et deux personnes à vélo portant des chapeaux. Suivons ces deux personnages à travers les feuillages… leurs bicyclettes les ont menés au bac à sable, où ils vont pouvoir jouer : tamis, pelle, râteau, sans oublier, hop, le ballon ! Un moment de fatigue ? A la sieste ! Une petite faim ? Ne serait-ce pas un plateau repas que cette grande personne apporte ? Miam, bon appétit… et maintenant, à l’eau !! Grâce aux bouées, flottons, légers, dans la piscine et dessinons des cercles dans l’eau ; grâce aux bouées, nageons… mais, mais, mais, ce farceur de chat a rapproché l’arrosoir et voici que le bain se transforme en douche ! Allez ouste, c’est l’heure de se sécher au soleil et de montrer nos jolis visages à celle ou celui qui nous regarde d’en haut, qu’on salue au bien au passage ! Et c’est reparti pour un tour à vélo et à pied, pour explorer la forêt… et le ciel… !

Aucun texte, sinon sur la quatrième de couverture que l’on découvre a posteriori lorsque l’on referme le livre : ici, le bébé lecteur est invité à rentrer dans le récit par les images. L’occasion pour lui de se raconter sa propre histoire… en interprétant et réinterprétant à sa manière ces illustrations, au gré de ses différentes lectures — à l’instar de la proposition de lecture que je viens de vous faire, et qui m’est propre et éphémère. Quelles seront les vôtres, les leurs, les siennes ?

En bref…

  • Une vue aérienne d’un monde vivant, tout en ronds et en couleurs, évoquant des vacances heureuses… parenthèse ludique et insouciante, qui permet aux jeunes esprits de s’évader d’un quotidien terre-à-terre, lever le pied pour aérer leurs pensées & renouveler leurs regards !
  • Une démarche originale et bienvenue pour inviter le jeune enfant à voir le monde autrement : élargir ses points de vue et continuer d’éveiller son sens de l’observation.
  • Sans compter qu’on s’amuse beaucoup, en tant que lecteur « perché » et un brin « voyeur », à deviner qui fait quoi, qui est qui, et qu’est-ce qu’il se passe ici et là !

Pour vous aider à trouver ce livre lumineux en bibliothèque ou librairie, en voici les références complètes :

Vu d’en haut [Texte imprimé] / Marie Poirier. – Paris : Ed. des Grandes Personnes, 2016. – 1 vol. (38 p.) ; illustrations en couleur ; 16 x 16 cm.
ISBN  978-2-36193-423-1 : 12 EUR