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Zidigli, Hector Protector & co : (en) chanter l’enfance

La BBthèque vous offre un moment tout en musique et douceur des images, des mots et imaginaires à travers la découverte de deux livres parus tout récemment pour les 0-3 ans :

  • Zidigli, de Fred Eclair et Gwenaëlle Tonnelier, porté par la voix de la jeune Romane et les musiques d’Amadou Doumbouya, Dieneba Seck, Abdoulaye Sam et Sekou Kouyate, aux éditions Benjamins Media
  • Hector Protector et J’allais joyeux sur les flots bleus : deux comptines illustrées par Maurice Sendak, aux éditions MeMo

Mon premier est le dernier-né de la collection Taille S de l’éditeur Benjamins Média, sensible et musical : ce livre-CD-MP3 épouse les souvenirs, enthousiastes et doux, de la narratrice quand elle était toute petite fille : sa vie fleurie et protégée des premiers mois, qui l’éveille au monde pas à pas, du bout de ses doigts, à plat, assise puis debout, dans son cocon puis, quand elle est prête, en dehors de sa maison. Le cocon est représenté ici, non sans jeux et facéties de tout-petits, par une série de boîtes en cartons que l’on retrouve dans les enregistrements sonores accompagnant le récit illustré. Les dessins, réalisés au stylo bille et jouant sur une gamme complémentaire de couleurs, sont splendides et regorgent de trésors : les plumes de paon, les métiers poisson-tissu de maman et papa, la création, l’origami, les oiseaux, les fleurs… Et la musique nous emmène en voyage du côté de l’Afrique de l’Ouest (instruments : kora, balafon, ngoni, calebasse…) conférant au récit un rythme et une résonnance de l’ailleurs : à côté du réel, la force de l’imaginaire quand il s’agit de repenser son enfance en général, et sa toute petite enfance en particulier !

Mon second est illustré par Maurice Sendak (première parution a priori de ce titre en langue originale : 1965), traduit depuis en français par Françoise Morvan. Dans cet ouvrage, Maurice Sendak met en images deux comptines qu’il affectionne tout particulièrement depuis son enfance, et qui mettent en scène des petits garçons sans peur et déterminés (le champion toute catégorie du « Non ! »), à la fois agaçant et attachant, auquel le bébé lecteur pourra aisément s’identifier, à l’image des adultes qui trouveront là une belle représentation de leurs enfants. Nous suivons les aventures et mésaventures à mi-chemin entre réalité et imagination de ces jeunes enfants. L’image joue un rôle central dans ces deux comptines-miroirs l’une de l’autre, où le personnage fait la rencontre, lors de son périple, de puissants et redoutables animaux avec qui il compose et qui composent avec lui, à l’image de ce crocodile monstre des mers qui, dévoreur de bateaux, se transforme en accompagnateur, bienveillant, au périple du héros sur les eaux. Une merveille de lecture où il fait bon rejouer son enfance !

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Comment faire la paix ?

La BBthèque vous propose de démarrer l’année avec un espoir, une nécessité, un message de paix, en vous présentant l’album-manifeste :

Comment faire la paix ?

(juste avec un poème) de Francis Combes

(et quelques images de) Bruno Heitz

aux éditions Rue du Monde

Cet ouvrage, petit format paysage, se lit comme un poème illustré où la paix, enjeu important, est présentée comme la voie la plus adaptée, la voie la plus aisée, celle qu’on emprunte ou devrait emprunter comme un jeu d’enfant, tout simplement.

Mode d’emploi : « pour faire la paix », « ramasse un petit tank » (un jouet tank, puisque l’histoire s’adresse à un.e enfant) « quand il est encore assoupi dans la cour de sa caserne. Pose-le sur tes genoux et caresse-le jusqu’à ce qu’il se rendorme vraiment » et qu’il devienne le contraire de la guerre : un outil de paix, au service de la vie ! Ou comment apprendre à jouer à la paix rétablie, plutôt qu’aux armes destructrices et autres combats mortels.

Les mots de Francis Combes, mis en images avec humour, bonheur et brio par Bruno Heitz, constituent une invitation dès le plus jeune âge à ne pas entrer en guerre et/ou mettre en œuvre la paix aussi souvent que cela est possible. L’ouvrage vise une diffusion large : le poème est ainsi déjà traduit dans plus de vingt-quatre langues par des poètes dont c’est la langue maternelle et qui ont, eux aussi, à cœur la petite et grande fabrique universelle de la paix.

Une lecture essentielle et fédératrice, résolument tournée vers un avenir à construire ensemble.

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Ton premier poème avec les mains

La BBthèque vous présente un premier livre de poésie pour les tout-petits, qui dit à la fois leur découverte du monde & du temps, du jour et de la nuit, et une façon pour eux de s’y habituer, de se raconter ce passage du jour à la nuit, et vice versa. Voici voilà :

Ton première poème

d’Alain Serres

aux éditions Rue du Monde

Cet ouvrage en papier s’ouvre sur une nuit noire, berçante, étoilée, où la lune prend place, « pousse et grandit » au gré du temps qui passe. Le petit matin survient, le bébé s’éveille, agite ses doigts, ses mains. Elle, il, ne parle pas encore, mais explore le monde, du bout des doigts, du coin de l’oeil. C’est l’époque du coucou-caché : il fait jour, puis nuit ! selon qu’on place les mains devant ses yeux ou non, selon qu’on lève les paupières ou non. La lune a laissé sa place au soleil. Youpi ! Tu joins les mains et applaudis.

Toi aussi avec tes mains tu peux faire apparaître le jour (l’activité) et la nuit (le repos). Tu les associes : oui, quand c’est la lumière du jour, le monde s’active de toute part, et tu le ressens par tous tes sens (la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat sans doute aussi ; pour toi aussi, d’ailleurs, c’est le moment où tu observes, où tu souris. Puis très vite c’est l’heure de la nuit : est-elle si noire qu’on pourrait le croire ? D’après le graphisme de ce livre que tu tiens entre les mains, on dirait que la nuit conserve des couleurs ,du jour passé, tout en se détachant de leur objet précis, elles demeurent comme des lignes de lumières, le phare, rappel d’une journée dense écoulée. Il ne fait pas tout noir mais calme, le dynamisme du jour nous quitte peu à peu, bientôt le repos : peu à peu les couleurs s’atténuent, les lumières s’éteignent, quand toi-même tu trouves le sommeil.

Une approche graphique et poétique de la découverte par les tout-petits de ce qu’est le jour, et de ce qu’est la nuit, ce rythme essentiel de la vie. Dans cet album d’éveil, en aucun cas le bébé ne subit le passage du jour à la nuit : il l’observe, se l’approprie, danse avec lui ! Un beau livre de naissance, qui décrit l’arrivée d’un nouvel être comme une entrée dans la danse, une chorégraphie dans l’univers qui est désormais son logis.

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Rire et célébrer, c’est bon pour les bébés

Oyez, oyez les bébés : deux nouveaux nés dans la collection Bon pour les bébés ! L’un et l’autre sont placés sous le signe de l’humour et de la fête, voici venue l’heure d’entonner l’air de « Bon anniversaire » et de déclamer des poésies, ode au printemps qui arrivera bientôt, avec…

Bon anniversaire !

& Poèmes pour bébés :

Haïkus de printemps

Si vous ne connaissez pas encore cette collection, voici en quelques mots sa marque de fabrique : des livres noir & blanc, grand format, tout cartonnés, écrits et illustrés par Thierry Dedieu au Seuil jeunesse, pour les 0-3 ans, avec une attention fine portée à des mots qui susciteront l’éveil des jeunes enfants !

Mon premier est un tube international qu’on chante en s’échangeant gaiement toutes sortes de postillons avant de souffler hardiment sa première bougie puis toutes celles qui s’ensuivront : voici Bon anniversaire, revisité à la sauce Dedieu. Oui, c’est la fête, on prépare et on décore le gâteau, et on chante bien évidemment… Qui, « on » ? Les petites souris, le chat… aïe il y a aussi un chien dans l’équation ! La chanson célèbre les bonnes intention « nos vœux les plus sincères, que ces quelques fleurs vous apportent le bonheur… » mais quid de la réalité !? En vérité, la joyeuse équipée tantôt se chahute et se poursuit, tantôt se réunit, ravie. Ainsi, la fête et le goûter d’anniversaire (miam ! ce gâteau met l’eau à la bouche) constituent une petite pause bienvenue avant de jouer à nouveau et de dépenser toute son énergie en très bonne compagnie ! Pas vrai, le chat ? Pas vrai, le chien ?

Mon second est le pendant d’une autre saison intermédiaire entre l’été et l’hiver : après les Haïkus d’automne, voici venue l’heure, approchante, des Haïkus de printemps. Chaque double page met en scène un court poème, d’inspiration japonaise, qui vient célébrer le renouveau de la nature chaque printemps : les fleurs & le bourdon sans oublier le papillon, l’étendue d’eau & le cygne (glisseur) mais aussi la grenouille (sauteuse) , la prairie et les coccinelles (joueuses), la toile d’araignée et la mouche (ouch !). Des petits instants captés avec poésie et vivacité, pour accompagner non sans facétie la découverte du printemps par les tout-petits enfants.

Quelques extraits ici et !

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Mais j’ai croisé…

L’heure des vacances a sonné, pour un certain nombre de parents et d’enfants, c’est l’occasion de passer plus de temps ensemble… et donc d’entendre les mille et une histoires que les petits sont capables d’inventer, parfois pour se justifier de telle ou telle situation donnée, action effectuée : « pardon papa [ou maman], si je suis en retard, mais j’ai croisé… » sobrement résumé dans cette courte phrase qui fonde le titre de l’album chroniqué aujourd’hui, signé Agnès de Lestrade et João Vaz de Carvalho aux éditions l’Atelier du poisson soluble :

Mais j’ai croisé…

Agnès de Lestrade

João Vaz de Carvalho

C’est l’enfant qui parle, oui peut-être bien celui qui, sur la couverture e ce livre en papier, porte une casquette rouge, a les mains dans les poches et le nez un brin allongé qui évoque un cousin lointain, un certain pantin transformé en âne avant de devenir le petit garçon que son père rêvait de le voir devenir, être. Or donc ce petit garçon, qui pourrait aussi être une petite fille, est en retard et va trouver mille et une excuses à présenter à son père pour le justifier. Toutes commençant par « Mais j’ai croisé… » Place à un inventaire à la Prévert, sous la forme de petits mensonges poèmes jouant sur les sens et sons des mots, avec des illustrations humoristiques pour appuyer le propos foisonnant de l’enfant.

« Mais j’ai croisé… »

« un bœuf qui couvait un œuf, »

« un escargot qui faisait du vélo, »

« un phacochère les fesses à l’air, »

etc. jusqu’à ce que le papa [ou la maman] de cet enfant-là reprenne la main dans le débat et rétorque :

« Et tu n’as pas croisé le crabe bleu qui fait les gros yeux quand on fait attendre son papa ? »

[et il en va de même quand c’est la maman qui attend !]

Une lecture drôle, loufoque et sympa, clin d’œil à la vivacité d’esprit des enfants… et des parents ! Des extraits à consulter en ligne ici : https://www.poissonsoluble.com/produit/mais-jai-croise/