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Riz, riz, riz

Après avoir bien ri la semaine passée avec notre dernière sélection livresque où l’humour était à la fête, voici venu le temps du riz dans la BBthèque, avec ce docu-fiction signé de l’auteur-illustrateur coréen Bamco (fils de riziculteur auquel le livre est dédié), et adapté en langue française par Alain Serres pour l’édition de l’ouvrage chez Rue du Monde, dans la collection « Coup de cœur d’ailleurs » (collection dite des albums des quatre coins du monde) :

Riz, riz, riz ! de Bamco

Allez tout jeune lecteur, nous partons en voyage, dans les cultures du riz, en Asie ! En guise de guide, un cultivateur que tu peux voir dès la couverture de l’album, en plein travail. Après, c’est à toi d’écouter celle ou celui qui te lira l’histoire, tout en observant les images :

Tu rencontres d’abord des plants de riz, ainsi que l’action de planter. Tu vas vite t’en rendre compte, le riz, ça se cultive en quantité. Pour faire court et parce que, peut-être, jamais deux sans trois, et surtout parce que cultiver du riz, c’est travailler sur de grandes quantités avec de nombreux gestes répétitifs, dans le livre, tout est répété toujours plusieurs fois : trois fois, pour ne pas en faire trop toutefois. Imagine si c’était plus ! On plante du riz. Entre le riz, des herbes poussent. On désherbe. Et le riz pousse, en paix. Jusqu’à ce que le vent s’en mêle ! Il faut alors redresser le riz. Chaque plant de riz. Ca y est, les plantes sont à point, presque grillées ! Il est temps de faucher, faucher, faucher, à la main ou via le tracteur qui, ironiquement, fait un bruit de « rrrrrrri ! rrrrrri ! rrrrrri ! » Les plantes sont ensuite broyées « crac crac crac ! » pour trier d’un côté la paille, de l’autre le riz, transvasé dans des paniers. La paille nourrit la gente bovine, le riz nourrit la gente humaine : rien ne se perd et tout le monde a le ventre bien rempli !

Merci, monsieur le riziculteur pour tout ce travail ! Et merci Bamco, Alain Serres et Rue du Monde pour cet ouvrage de très belle facture à portée des tout-petits, tant par ses illustrations que par son récit cadencé et son texte riche en répétitions et onomatopées, faisant découvrir aux enfants dès le plus jeune âge comment le riz naît puis grandit jusqu’à devenir l’aliment qui nous nourrit. Bonne lecture et bon appétit !

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Protéger nos mers et océans

Par ces fortes chaleurs, on pense eau, on rêve eau, on nage eau, on boit eau… C’est donc un moment opportun pour vous présenter deux très beaux livres à découvrir dès le plus jeune âge sur une thématique d’une grande importance sur le plan environnemental : la protection des mers et océans ! Voici ainsi :

Mon premier s’inspire d’une célèbre comptine, en en reprenant les mots et en représentant parallèlement un(e) enfant à imperméable jaune, qui s’imagine à bord d’un bateau nommé Greta, clin d’œil à une jeune figure marquante de la défense de l’environnement. La faune maritime est extrêmement riche et il fait bon voguer sur l’eau & pêcher quelques poissons ! Mais les bateaux se multiplient et prennent toute la place, les pratiques de pêche, de raisonnables, deviennent épouvantables, avec des conséquences néfastes sur les fonds et l’habitat marin. L’illustration de ce drame vivant fait couler les larmes de l’enfant tandis que les paroles de la comptine se dotent d’un message nouveau, informant de l’urgence à cesser les pratiques destructrices de pêche industrielle intensive. Le livre se termine sur une double note d’espoir : le fantasme d’un poulpe géant mettant fin à la toute puissance des gros bateaux d’une part, le descriptif pragmatique et réaliste d’actions simples pour s’opposer aux méthodes de pêche écocides d’autre part !

Mon second est gris. Enfin, au tout début et à la toute fin, sur les pages de garde, il est coloré. Très coloré. Au début : la faune et la flore des océans, de mille et une couleurs ! A la fin : des produits de la consommation humaine, attrayants, en début de décomposition toutefois après consommation : ces déchets (aur)ont pour effet de détruire la vie dans les eaux. Entre les deux, l’ouvrage lui-même et la terrible histoire, grise, noire, qu’il met en scène, miroir de la pollution dont l’océan est aujourd’hui l’objet. Le récit, magistralement muet, traduit en images un monde aquatique en décomposition. D’abord une cannette jetée à l’eau, vers laquelle les poissons, encore nombreux, se dirigent comme intrigués par cette intruse. Puis l’accumulation d’objets usagés et non recyclés : un coton-tige, un masque chirurgical, une boîte à sardine, une bouteille en plastique (et même deux, trois, quatre, cinq… !), un tampon hygiénique, une brosse à dent, un ticket de métro, une chaussette, une fourchette, une pile aussi sans doute.. La mer n’est plus habitée par des baleines, des algues, des poissons : elle n’est plus que poubelle. Piscine à déchets dont le temps de décomposition s’inscrit dans une durée longue, longue, auquel l’ouvrage sensibilise par l’image comme par quelques données chiffrées qui viennent éclairer et clore la parabole et leçon de vérité : « Il faut 4 semaines à du papier toilettes pour disparaître. 6 mois à une allumette. 5 ans à une chaussette. 12 ans à une cigarette. 500 ans à une cannette. Et à une pile, l’éternité. » Un ouvrage fort pour montrer le danger encouru. L’image de la fin est géniale : montrer le monde d’après (celui qui adviendrait si on continuait sur la tendance actuelle) comme une scène d’horreur avec des poissons zombies évoluant dans une déchetterie aquatique, touche finale pour mobiliser et faire évoluer tant que faire se peut les gestes de tout un chacun.

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Ronde de la vie sur la planète Terre

La BBthèque vous invite aujourd’hui à la lecture d’un livre carré à faire tourner, pour faire tourner la vie sur Terre dans l’esprit des bébés, exprimer sa vitale vivacité et sa biodiversité à préserver : voici, aux éditions L’initiale, un album dansant & chantant, qui pourrait se lire dans toutes les langues du monde, qui en utilise déjà cinq, en plus des images à portée universelle :

Tourne la Terre

d’Elsa Valentin et Pascale Moule-Baur

Page de gauche : un texte qui fait la ronde en cinq langues, le français, l’espagnol, l’arabe, l’anglais et le chinois ; page de droite, en résonnance avec ces mots aux graphies et sonorités multiples, une illustration toute en rondeurs. Au départ nous voici au niveau macro : « Tourne la Terre autour du soleil », sur l’image deux cercles emboîtés l’un dans l’autre : la Terre, bleue, est comme comprise dans le Soleil, jaune ; arrive la Lune, qui tourne autour de la Terre ; ces rondes sont sources de vie, la vie elle-même tourne sur la planète Terre, dont on peut faire le tour à son tour (migrations bonjour), humains, animaux… en veillant svp à ne pas l’abîmer, à ne rien gâcher (même les plus mini : têtards, jeunes pousses, abeilles & co) ! L’album se clôt dans la bonne humeur, de manière positive et rythmée, comme au son d’un banjo qui résonnerait quand se terminerait une belle journée sur Terre.

Un magnifique livre à découvrir, lire et relire dès la petite enfance, pour son graphisme, ses sonorités, son message d’amour et de respect à cultiver vis-à-vis de notre environnement proche et lointain : un éveil universel des tout-petits à l’écologie, sous la forme d’une ronde fédératrice et féconde, qui chante et danse la richesse de la vie sur Terre, et embarque avec elle au passage, dans son sillage, les enfants et adultes d’aujourd’hui et demain.

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Faire de la pouet, ça nuit aux mouettes

La BBthèque vous présente aujourd’hui le nouveau et excellent livre de Claire Garralon :

Pouet !

de Claire Garralon

aux éditions MeMo

Bleu l’horizon, bleu le ciel, bleue la mer, paysage d’apparence idéale, avec des mouettes en plein vol qui, agitant leurs ailes, semblent se saluer gaiement « mouet ! mouet ! mouet ! ». Tout à coup, pirouette et non cacahuète, une ombre au tableau, et non des moindres : une mouette, depuis les cieux, entend au sol un autre son, un cri dénaturé : « pouet ! ». Inquiète, elle se pose et rejoint l’oiseau émetteur de cet étrange bruit. Il semble mal en point. Elle lui demande comment il va, ce qu’il se passe. Michel, la mouette abîmée (patient zéro ?) s’exprime avec difficulté, se contentant de quelques mots et prononçant tous les « m » comme des « p » et tous les « p » comme des « m » ; il parvient à expliquer à la mouette lanceuse d’alerte qu’il a mangé du pouet. Mais encore ? Branle-bas le combat sur la plage : des mouettes se donnent rendez-vous pour dresser une liste d’hypothèses sur la maladie dont le volatile échoué serait atteint. Et blablabli, et blablabla, Michel réussit à en placer une : il n’est « mas palade », à la fin ! Le problème qu’il rencontre est tout autre. Ah… mais alors, quoi ?

Trêve d’assomptions, compère crabe survient, il est un peu médecin, ou à tout le moins il garde les pieds sur terre : tout de suite, il a l’idée d’ausculter le patient et trouve le pourquoi du comment en un rien de temps. Cette pauvre mouette avait avalé du… « mastic » !? Du plastique ! Une bouteille de plastique ! Qu’elle réussit, triple ouf, à extirper de son bec. Berk ! La tribu des mouettes se penche sur l’origine du mal « Oh ! du plastique ! » et la collectivité en présence de dresser deux bilans/conclusions de la situation : premièrement, « Il faut faire attention, il y en a plein l’océan » ; deuxièmement : « C’est bizarre, l’océan n’est pourtant pas une poubelle ? »

A travers cet album aux belles et rieuses sonorités, aux personnages expressifs disposant de caractères bien trempés, et à un graphisme qui donne envie de voir les mouettes voler et nager en bonne santé, Claire Garralon sensibilise les enfants dès le plus jeune âge aux gestes simples à pratiquer au quotidien pour ne pas mettre les autres en danger : ni les mouettes, ni les crabes, ni tout autre être vivant qui pourrait pâtir, mourir, de l’irresponsabilité de l’humain. Une simple bouteille en plastique, laissée sur le sable, porte atteinte à la santé d’un être vivant (une pensée pour Michel, les enfants). Et regardez ! elles sont nombreuses en fait, ces bouteilles, dans le paysage, en voilà une autre qui flotte dans l’eau à la toute fin de l’album… la mouette qui la regarde court à son tour un danger du même ordre.

Du point de vue des mouettes, comme des jeunes lecteurs vers qui l’une des mouettes tourne le regard sur la dernière double-page, la leçon à tirer est limpide : l’océan n’est pas une poubelle ; la nature non plus. Un album à la plage et à la page de l’agenda responsabilité écologique de toute une chacune, tout un chacun, à lire et relire avec des tout-petits et des plus grands. Quelques extraits pour vous donner l’eau à la bouche ici : http://www.editions-memo.fr/livre/pouet/ !

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Un petit grand livre vert & 1001 noisettes

La BBthèque vous propose aujourd’hui un livre qui parle ouvertement et simplement, à hauteur de tout-petits, d’écologie, à travers l’histoire d’un écureuil bien décidé à prendre soin de son environnement : la forêt, tout en se régalant de noisettes ! Voici ainsi 20 noisettes (seulement ?) pour Hector, d’Hubert Poirot-Bourdain, paru aux éditions du Ricochet à l’automne 2021 :

20 noisettes pour Hector

d’Hubert Poirot-Bourdain

C’est l’automne, les arbres dans la forêt voient leurs feuilles changer de couleur, avant de tomber ; pour les écureuils, c’est une grande période d’activité : ils ramassent noisettes sur noisettes, et comptent la récolte de chacun à la fin de la journée. Chaque écureuil récolte ainsi une centaine de noisettes… sauf un, Hector, dont le compte est bien plus bas : 20 noisettes pour Hector !? Une seule explication possible : Hector est un paresseux, il ne travaille pas, ça non !

Vraiment !? Pourtant, quand une forte tempête surgit et décime la forêt où les écureuils se fournissaient pour passer l’hiver, Hector est là, mieux, il leur indique la voie : quand tous pensaient qu’Hector ne travaillait pas, c’est simplement qu’il ne travaillait pas comme les autres, pas dans la même direction ; quand ses comparses ne faisaient que ramasser des noisettes, Hector, lui, quelques mètres plus loin, en plantait de nouvelles ! Résultat : forêt n°1 est vidée, décimée ; forêt n°2 resplendit de vie !

Cet album, vert & marron, libre adaptation de L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono, délivre un message important dès le plus jeune âge : consommer oui, mais aussi construire en harmonie avec son environnement ; prendre, sans oublier de donner, aider ; inscrire son action dans le temps, long, et non seulement dans l’instant ; penser au bénéfice de tous, à l’écosystème, plutôt qu’à soi-même, sa seule tribu. Une voie à suivre, une voix à écouter. En un mot : planter des noisettes !

Quelques extraits à découvrir en ligne, ici : https://www.editionsduricochet.com/canoes-albums/20-noisettes-pour-hector-une-fable-ecologique-tendre-et-pertinente/, et une vidéo de présentation là :


Cet ouvrage à message écologique est lauréat en 2021 du Livre Vert Antoine de Saint-Exupéry ; ce dispositif récent, fondé en 2019 et dont le principe est de financer et héberger un auteur sur un projet de livre, avait porté son choix en 2020 sur un autre livre chroniqué sur la Marmot*thèque (la grande soeur de la BBthèque) : La Collection, de Marjolaine Leray, aux éditions Courtes & Longues.