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Exils & terres d’accueil

La BBthèque met en lumière ce jour deux albums jeunesse parus récemment qui parlent, avec bienveillance et poésie, d’exil et de terre nouvelle, terre d’accueil. Le sujet pourra en intéresser plus d’un(e) par sa résonnance avec l’actualité à travers le continent européen et le monde plus largement, son traitement dans ces deux ouvrages peut tout à fait être partagé dès le plus jeune âge :

  • Le premier rayon de soleil, d’Alain Millet aux éditions L’étagère du bas
  • Là-bas, de Rebecca Young et Matt Ottley aux éditions L’école des loisirs (un livre traduit de l’anglais qui nous vient d’Australie)

Mon premier fait la part belle au récit et aux illustrations colorées pour raconter le départ forcé, pour raison climatique, d’une famille à longues oreilles obligée de quitter un endroit trop exposé au soleil afin de trouver, à la place, un nouveau lieu de vie plus ombragé. Le papa, la maman et l’enfant marchent longtemps puis naviguent sur l’océan. La route est pleine de dangers. Ouf, la terre ferme se profile ! Le voyage se poursuit à pied, les saisons se suivent et la famille, toujours en marche, reste en quête d’une habitation durable, jusqu’à trouver une forêt de sapins géants, où ils se sentent en sécurité, enfin. Cette forêt est habitée par des oiseaux, qui, dans la nuit de l’arrivée de ces nouveaux venus, sur le conseil de la plus âgée d’entre eux et certainement la plus sage, décident de leur faire très bon accueil en les aidant à s’installer et en leur bâtissant une maison. Au premier rayon du soleil, surprise ! La famille en exil a le bonheur de se réveiller dans une maison chaleureuse et confortable. En retour, la famille nouvelle arrivante aide les oiseaux à se construire des maisons. Par la bienveillance et l’entraide, la cohabitation fonctionne à merveille : tout le monde est satisfait & le bonheur se lit sur les visages tout en se traduisant en amitiés.

Mon second (réédition dans la collection Lutin, en format poche, d’un titre paru en langue française en 2020 aux éditions Kaléïdoscope) fait la part belle aux illustrations mises en valeur par un texte sobre : « Il était une fois un garçon obligé de traverser la mer pour chercher un nouveau chez-lui. Dans son sac, il avait un livre, une gourde et une couverture. Dans une vieille tasse, il emportait une poignée de terre de l’endroit où il avait tant joué ». Le récit narre le voyage de cet enfant, qui bénéficie tantôt d’une mer tranquille, tantôt agitée ; tantôt admirable, tantôt terrifiante. Puis un jour un oiseau fend l’air, un albatros ! Le garçon l’observe et songe à son pays, son climat, son arbre favori, il reprend espoir. Au petit matin, surprise ! « Une petite chose avait germé dans sa tasse » : un petite chose qui devient, jour après jour, sur son bateau, un arbre immense, depuis la cime duquel il finit par apercevoir à son tour la terre ferme. « Le garçon explora le rivage. L’endroit lui plaisait bien. Il décida de s’y installer ». Peu de temps après, ce rivage accueillant voit arriver une autre personne rescapée, une petite fille, cette fois. Une nouvelle vie, à deux, peut commencer.

Deux ouvrages dont la BBthèque vous recommande vivement la lecture, belles ouvertures à toutes ces personnes, adultes, enfants, qui doivent quitter leurs chez-eux et effectuer un long et difficile voyage avant d’espérer élire domicile dans une terre accueillante, habitable, où vivre en adéquation avec l’environnement et bonne entente avec les gens.

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Nouveaux livres à gogo #12 : à travers le monde

Cet été, la BBthèque continue de mettre en lumière des albums récents que vous pouvez vous procurer dans vos librairies indépendantes préférées ou en bibliothèque. Aujourd’hui, la BBthèque vous invite à parcourir le monde en retraçant le trajet de réfugiés s’installant en France, ou en rêvant les différences et convergences entre deux petites filles partageant le même prénom mais pas le même lieu de vie. Deux très beaux ouvrages édités… chez Rue du monde, bien sûr :

  • Salut les p’tits amis ! Un livre pour apprendre à compter et à être solidaire, d’Hollis Kurman et Barroux
  • Fatou du monde, d’Angélique Thyssen et Judith Gueyfier

Salut les p’tits amis !

Salut les p'tits amis ! Compter - être solidaire - Hollis Kurman - Barroux

Une première histoire et un premier documentaire tout à la fois : un livre qui se lit à la première personne du pluriel « nous » et qui raconte étape après étape, 1, 2, 3… le long périple d’une famille (une maman et ses trois enfants) pliant bagages en réponse à la situation problématique qu’elle vivait à l’endroit où elle habitait : « Comment faire quand tout devient inquiétant dans notre village et qu’il nous faut partir ? Restons bien ensemble, comptons jusqu’à 10 et, bientôt, tout ira mieux ! ». Dans cette épopée optimiste, chaque étape joue le rôle, non pas d’un obstacle comme on pourrait s’y attendre, mais d’un coup de pouce, d’un adjuvant. Etape n°1 : 1 premier bateau pour larguer les amarres ; étape n°2 : 2 mains qui mettent la famille à l’abri du danger ; étape n°3 : 3 repas pour se refaire une santé ; etc. et ainsi de suite jusqu’à parvenir dans leur nouveau pays, leur terre d’accueil où les gens leur souhaitent non seulement la bienvenue mais aussi les intègrent d’emblée dans leur vie de tous les jours : l’école, les matchs de foot, l’amitié : salut, les p’tits amis !

Un livre deux en un, où apprendre à compter se conjugue avec apprendre à compter sur les autres en faisant preuve de solidarité. Un récit de l’exil qui se lit comme une comptine, résolument positive et rythmée.

Fatou du monde

Fatou du monde - Angélique Thyssen - Judith Gueyfier

C’est l’histoire d’une petite fille du Grand Froid, habitante du Groenland, que ses parents ont choisi d’appeler Fatou en référence aux pays chaud du Sud qu’ils ont exploré dans des livres. Fatou du Groenland grandit dans sa terre, physiquement, mais aussi en partie, mentalement, dans une autre contrée opposée et pourtant similaire en bien des endroits sans nul doute : perpétuant l’intention de ses parents, elle pense souvent aux terres chaudes du Sénégal où d’autres petites filles, au moins une en tout cas, celle qu’elle imagine, portent aussi le prénom de Fatou ; elle projette déjà la rencontre avec cette sœur d’ailleurs.

Je vous propose de découvrir en vidéo la présentation de ce livre par son illustratrice, Judith Gueyfier :

Vidéo Fatou du monde - Judith Gueyfier